Remorquage impossible

Par une météo exécrable, remorquage périlleux d’un bateau de pêche tombé en panne à 15 miles au sud de Belle-Île…

Le bateau de pêche remorqué dans la tempête
Le fileyeur désemparé remorqué dans des conditions très difficiles. © Pierre Mouty

Après un arrêt d’un mois de la pêche dans le Golfe de Gascogne, les pêcheurs, qui ont enfin pu reprendre la mer, sont sortis malgré une météo diffi­cile.
Un fileyeur d’Ar­ca­chon, au travail à une quin­zaine de miles (envi­ron 28 km) au sud de Belle-Île, tombe en panne d’hy­drau­lique. Le bateau n’est plus manœu­vrant et demande assis­tance. Le CROSS Étel déclenche le canot de Belle-Île.

8h47, après quelques prépa­ra­tifs, le canot appa­reille. 5 miles au calme jusqu’à la pointe de Kerdo­nis, puis 15 miles dans une mer très forte qui nous oblige à réduire l’al­lure.

10h22, nous sommes en vue du bateau qui roule bord sur bord. Approche pruden­te… et la remorque est passée !
Compte tenu des condi­tions de mer et de la taille du remorqué – 18 mètres, une prise au vent impor­tante et envi­ron 4 fois le poids du canot –, la remorque est allon­gée au maxi­mum et le remorquage commen­ce… mais n’ayant plus de barre, le fileyeur désem­paré part dans un sens, puis dans un autre, au gré du vent et surtout des coups de mer. La « patte d’oie » (aussière en V au bout de la remorque, qui permet de répar­tir la trac­tion sur 2 points d’an­crage sur le bateau remorqué), trop solli­ci­tée, casse au bout de quelques minutes.

Nouvelle manœuvre déli­cate et nouvelle approche dans le chaos. La remorque est repas­sée, en direct cette fois. Pour lui donner un peu plus d’amorti, elle est lestée d’un pneu d’une ving­taine de kilos et d’un ballon. À 10h50, le remorquage recom­mence.

Le pêcheur remorqué
Tension sur la remorque pendant le remorquage

Nous deman­dons au pêcheur de mettre sa barre à 0, ce qui améliore bien la trajec­toire du bateau. Le remorquage commence plutôt bien, mais le temps fraî­chit encore – jusqu’à 8,50 m de creux et 127 km/h de vent rele­vés au sud de Belle-Île –, et la barre n’étant pas bloquée, le bateau repart dans tous les sens. Impos­sible de suivre notre cap, nous sommes entraî­nés de plus en plus à l’est.
En fonc­tion des coups de mer, notre remorqué nous retient, la tension sur la remorque est alors telle qu’elle commence à fondre sur le point de contact avec la bitte de remorquage, ou il nous rattrape par le travers, au risque de nous faire chavi­rer.

Vue à l'arrière du canot, pendant le remorquage
Mur d’eau, à l’ar­rière du canot, pendant le remorquage.

Après un beau grain et 40 minutes de bataille, la diffi­cile déci­sion est prise de couper le remorque. Trop dange­reux.

Nous restons près d’une heure autour du pêcheur, le temps qu’il mette en place son mouillage et d’être sûr que son ancre croche bien. Le bateau étant, certes, dans une situa­tion assez incon­for­table, mais hors de danger, liberté de manœuvre nous est rendue et nous repar­tons pour Belle-Île où nous arri­vons à 13h45.
Il nous faut main­te­nant rempla­cer la remorque de 200 m que nous avons perdue, ce qui est fait dès notre arri­vée pour permettre au canot de rester opéra­tion­nel.

Notre fileyeur laissé au mouillage a été pris en remorque dans l’après-midi par un chalu­tier, plus puis­sant et surtout plus massif que notre canot, qui rentrait à La Turballe. Tout se termine bien.

Équipage engagé

Canot tous temps SNS 096
Belle Isle

Patron : Charles Rous­sette.
Sous-patron : Elouan Rous­se­lot.
Méca­ni­cien : Philippe Enhart.
Équi­piers : Pierre-Yves Brière, Pierre Mouty, Antoine Samzun.